On ne meurt pas d'amour de Géraldine Dalban-Moreynas - 9782266308120 - 6,50 € - Roman
Elle vient d’emménager dans l’immeuble avec son petit ami, ils prévoient de se marier en juin. Il vit avec sa femme et sa jeune enfant dans le même escalier. Un rayon de soleil d’automne illumine le couloir lorsqu’ils se rencontrent pour la première fois. Il suffit d’un regard pour que tout s’écroule, pour que leurs mondes s’effondrent.
Ils ne devraient pas ressentir de désir l’un pour l’autre, ils ne devraient pas succomber à la douleur de l’amour, et encore moins se rencontrer en secret, ou s’embrasser passionnément, ou s’aimer à la folie. Pourtant, c’est ce qu’ils font. Exactement cela et bien plus encore. Il n’y aura aucun moyen de contrôler le tourbillon d’émotions qui les poussera vers le précipice. Ils vont tromper le monde qui les entoure, juste pour passer plus de temps ensemble, mais à quel prix ?
Critique de On ne meurt pas d'amour de Géraldine Dalban-Moreynas
On peut douter que Elle et O., les deux protagonistes du premier roman de Géraldine Dalban-Moreynas, « Tu ne mourras pas d’amour », puissent s’imaginer une fin au début de leur amour fou. Sans s’en rendre compte, les deux nouveaux voisins, qui menaient jusqu’à présent des vies confortables et sans histoire, se lancent dans une aventure. L’attirance entre les deux est tout simplement trop forte. Leurs rencontres se multiplient bientôt, tout comme les mensonges qu’ils racontent à leurs partenaires respectifs pour se voler quelques heures ensemble. On n’apprend pas grand-chose sur Elle et O., si ce n’est qu’ils ont tous deux la trentaine, qu’il est avocat et qu’elle est journaliste, qu’ils sont tous deux pris et qu’ils vivent à Paris. Et pourtant, le lecteur apprend à connaître la vie intérieure vulnérable de ce couple secret, leurs rêves et leurs désirs.
Ils osent une danse sur la corde raide, peuvent à tout moment chuter et tomber dans le vide. L’auteure décrit avec un regard précis les montagnes russes des sentiments dans lesquelles ils se trouvent. Après peu de temps déjà, il est clair que c’est de l’amour, qu’il est profond et vrai. Mais Elle et O. ont-ils une perspective commune ? O. a une fille qui n’a pas encore deux ans. Il pourrait quitter sa femme, mais pas sa fille. Ainsi, les deux amoureux à temps partiel, qui ne veulent rien d’autre qu’être ensemble, se débattent avec les circonstances qui empêchent justement cela.
Mais c’est surtout O. qui manque de ce courage. En tant qu’observatrice neutre, l’auteure tient le compte du déroulement d’un amour secret, aussi impossible que dévorant.
Les chapitres sont courts, ils reproduisent également certains des innombrables SMS et e-mails qu’Elle et O. s’envoient. Malgré le style narratif sobre de Dalban-Moreynas, que l’on pourrait sans doute décrire comme « allant droit au but », une fine mélodie résonne dans ses mots. À la fin, mon exemplaire du livre était recouvert d’innombrables petits drapeaux adhésifs colorés, car il y avait tant de citations, tant de moments qui m’ont particulièrement touchée, qu’on m’a déjà demandé : « Tu lis ou tu bricoles ? ».
Ce roman a une force incroyable, et en seulement 192 pages, l’auteur raconte une histoire comme il s’en passe tous les jours, et qui pourtant est unique. L’intensité des sentiments fait presque mal physiquement à la lecture. En tant que lecteur, on est emporté dans cet abîme au bord duquel Elle et O. dansent, et courent les yeux fermés vers leur malheur. On souffre avec eux, on se demande à quoi ressemblera la fin. Le chemin qui y mène rivalise sans peine avec tout bon thriller en termes de suspense. Que l’on soit heureux ou triste à en mourir, qu’est-ce qui l’emportera à la fin ?