Les turbines du Titanic, de Robert Perisic (Gaïa) — ISBN-13 : 9782847209259 — 475 pages — 24 € — Genre : Le système D, c’est le plus démocratique des systèmes.
Poursuivons notre voyage à travers la littérature de l’Europe de l’Est en restant en Croatie. Il faut dire que les écrivains croates traduits en français ne sont pas nombreux. Aussi, en découvrir deux de suite m’a surpris et je n’ai pas pu résister. C’est donc encore un livre contemporain que je vais vous présenter aujourd’hui. Promis, ma prochaine critique va s’intéresser à un roman classique.
Lorsqu’un écrivain est publié pour la première fois en France, j’aime présenter celui-ci, c’est important, il me semble. Commençons donc par cela en citant l’éditeur. Il m’est difficile de faire autrement, car sa page Wikipédia n’est pas très fournie. Ainsi, « Robert Perisic est né à Split en 1969. Il fait des études de philosophie à Zagreb, où il vit et travaille comme journaliste, critique littéraire et auteur de recueils de nouvelles, de poésie et de romans. Traduit en allemand, tchèque, italien, bulgare, slovène, serbe, macédonien, anglais, il connaît aussi un vif succès aux États-Unis ». D’ailleurs, l’horrible bandeau rouge qui entoure le livre nous apprend que Jonathan Franzen apprécie énormément le roman. Je dois dire que je n’aime pas beaucoup l’oeuvre de l’auteur américain, mais ceci est un autre débat. Venons-en au résumé du texte. Dans les turbines du Titanic, Robert Perisic nous raconte l’histoire de deux personnages qui débarquent dans un coin perdu de Bosnie-Herzégovine afin de rouvrir une vieille usine abandonnée. Cette dernière est la seule qui peut encore produire une vieille turbine dont plus personne ne connaît le nom, mais Oleg et Nikola ont un client. Les locaux ne sont pas dupes, tout le monde perçoit l’entourloupe, mais les anciens ouvriers (et nouveaux chômeurs de longue date) acceptent, par dépit et espoir, de reprendre le travail. Par conséquent, les deux businessmans (aux poches troués), venus soi-disant relancer l’industrie locale, seront certains de pouvoir manipuler la main d’oeuvre locale avant qu’Oleg et Nikola ne se rendent compte qu’ils vont devoir accepter les exigences des ouvriers qui réclament de s’autogérer.
Elle se payait sans doute sa tête. C’était sans doute une pute qui inventait des histoires à la con tout comme lui lui avait raconté des histoires. Ou peut-être après tout qu’elle était une pute extrêmement romantique, qui avait oublié qu’elle était une pute, et avait, comme avec lui, baisé sans protection avec l’un de ses compatriotes dont le nom était trop compliqué à son oreille, si bien qu’elle n’avait retenu que le nom de l’entreprise ? Ou alors, elle était si bête qu’on ne pouvait même plus appeler ça de la bêtise, mais plutôt une conception différente de la vie, comme dans le film dont il lui avait parlé, et il avait eu lui aussi l’impression de devenir un marin de ce film (…).
« Les turbines du Titanic », de Robert Perisic, n’est pas un simple roman sur l’histoire de deux comploteurs, c’est surtout une réflexion sur l’univers de la finance et du travail, sur le monde d’aujourd’hui et d’hier, sur le passé et le présent, mais aussi une critique (il me semble) sur les privatisations sauvages qui ont eu lieu après la chute du communisme. Ainsi, le texte de Robert Perisic est très agréable à lire, car il est teinté d’un humour noir qui me plaît bien, mais aussi d’une pointe de cynisme que j’apprécie toujours. De plus, l’ambiance du texte est assez mélancolique, car il est souvent question des vieux souvenirs, du temps ancien et de l’avenir incertain. Enfin, l’auteur possède une belle plume et celle-ci lui sert à décrire un monde pas très rassurant, mais aussi de nombreux personnages (masculins et féminins) qui observent leur présent avec un certain goût d’amertume.
Qu’en pensez-vous ? Merci de m’avoir lu.
Ca y est, je sais donc maintenant quel est le pays qui sera davantage représenté dans tes billets cette année :-). Jolie découverte, une fois de plus, je trouve le thème intéressant. J’espère que d’autres titres de cet auteur seront publiés prochainement.
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Et ce n’était pas la Russie 🙂
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Intéressant de faire découvrir des écrivains dont on ne parle pas beaucoup, voire pas du tout, ailleurs. Merci pour cette belle chronique qui me donne envie de lire Robert Perisic.
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Merci beaucoup 🙂
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Merci Goran pour cette présentation, ce livre semble intéressant, avec un style assez brutal d’après l’extrait.
Je voulais juste te signaler que je n’arrive plus à t’écrire de mail : le mail que je veux t’envoyer est systématiquement rejeté (failure-daemon) – je ne sais plus quoi faire. Si tu as une idée ?
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Je vais t’envoyer mes autres e-mails 😉
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D’accord ! J’attends de tes nouvelles 🙂
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Je note, ne serait-ce que parce que c’est croate !
Ingannmic
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Très bonne idée…
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J’ai un peu peur que ces magouilleurs me tapent sur les nerfs. Mais je vais retourner regarder mes photos de Croatie!
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🙂 Tu as aimé ton voyage ?
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Ce soit être intéressant comme lecture ! D’autant plus avec les débats privés /publics qui nous attirent aujourd’hui
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Exactement…
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Les livres que tu présentés ont des titres accrocheurs ;). Ce que tu dis de celui-ci me tente bien ( Gaia en plus ), j’apprécie plutôt l’humour noir aussi, je crains juste un peu le style à la lecture de l’extrait.
Voici ma deuxième participation, je ne suis pas loin :
http://www.lireetmerveilles.fr/pages/lectures/la-femme-du-tigre-tea-obrecht.html
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Merci 🙂
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Ton billet est très intéressant mais l’extrait m’a un peu refroidie…
On parle vraiment rarement des auteurs croates dans la presse littéraire. Je suis contente de les voir au moins sur ton blog 🙂
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Snif snif, personne n’aime mon extrait 😉
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Ça va aller mieux la prochaine fois…
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J’aime bien ton extrait. Ça parle et c’est imagé. Bonne idée Goran de nous présenter ces écrivains croates si méconnus ici…
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Merci 🙂
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J’ai trop souvent vu ce que ça donne, les privatisations sauvages et les magouilles, dans les Balkans. Et ça me donne plutôt très envie de voir ce que Perisic a à en dire! Merci pour ta présentation.
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J’espère que tu vas aimer…
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