L’embaumeur, de Isabelle Duquesnoy (Points) — ISBN-13 : 9782757871720 — 480 pages — 8,30 € — Genre : Petite mort.
Me voici de retour avec Patrice du blog « Et si on bouquinait un peu ? » pour une deuxième lecture commune. Cette fois-ci nous restons en France avec un livre d’ Isabelle Duquesnoy. Avant de poursuivre, je vous invite à aller lire l’article de Patrice.
Débutons par une petite définition. Un embaumeur, c’est un peu comme un taxidermiste sauf que le premier n’a pas la chance de voir son travail exposé (sans doute par manque de place) sur l’étagère d’un salon. L’action du livre se déroule pendant la révolution. Notre jeune héros assiste à l’exécution du roi comme l’on va aujourd’hui au cirque, c’est (semble-t-il) tout aussi amusant bien que l’une des deux activités soit moins saignante. Mais je m’égare, enfin presque, car le sujet de ce livre n’est autre que le parcours de Victor Renard, celui qui a assisté au bon fonctionnement de la guillotine. Le garçon est né avec une malformation, mais surtout en ayant tué son frère jumeau à l’aide de son cordon ombilical qui s’est noué autour du cou du pauvre malheureux. La mère de Victor Renard, une personne tout à fait charmante (c’est ironique), n’a jamais pardonné au bébé assassin. D’ailleurs, Victor Renard va être le souffre-douleur des femmes qui croiseront sa route. Toujours est-il que le père de notre héros meurt rapidement. Aussi, la veuve trouve un travail à son fils adoré qui doit dorénavant subvenir aux besoins de la famille. Vous l’aurez compris, Victor Renard devient une sorte d’apprenti embaumeur. Comble de l’ironie, le patron décède peu de temps après avoir tout appris à son nouvel employé. Ce dernier va dès lors, faire fructifier (si je puis dire) les affaires comme aucun autre embaumeur avant lui. Il faut dire qu’en cette période révolutionnaire les têtes coupées ne manquent pas. Un bon business, ça tient parfois à peu de choses. De toute façon, avec une matière première abondante et gratuite on ne peut que réussir.
Voyez-vous, j’émis rarement un avis sur la mort d’autrui. Et je ne m’attardai en détail qu’à propos de celles qui approchaient mon affaire. Pourtant, bien des fois il m’arriva de comprendre les circonstances d’un décès, et surtout, d’en soupçonner la cause. Les organes parlent, messieurs, pour peu que l’on sache observer leur relâchement, leur changement d’apparence ou de texture. On me confia toutes sortes de corps, escortés de récits fabuleux ou mensongers. À force de les ouvrir, ces pauvres carcasses, et d’en contempler les creux, les plis et les bosses, j’appris à ravaler ma langue pour ne jamais révéler les détails qui en auraient conduit quelques-uns au cachot.
L’embaumeur, de Isabelle Duquesnoy est considéré comme un roman historique, il est même comparé au livre de Patrick Süskind : Le Parfum. Comme je n’ai pas lu ce dernier, je ne saurais vous en dire plus. Cependant, Isabelle Duquesnoy nous décrit un Paris du XVIIIe siècle crasseux. L’auteur (bien entendu) nous parle du métier d’embaumeur, mais elle nous montre aussi le quotidien de l’époque en agrémentant son texte par quelques informations historiques. Le ton est souvent drôle, caustique. De plus, les descriptions (sur un métier que je n’aimerais pas pratiquer) ne manquent pas de sel. Pourtant, je me suis un peu ennuyé, j’ai trouvé cette confession bien longuette. Il faut dire que le livre est découpé par journée d’audition et parfois cela tourne un peu en rond (à mon sens). Le personnage principal, lui, m’a plu, c’est quelqu’un de très sympathique, mais aussi extrêmement intelligent, malgré sa mère et sa femme. Victor Renard est quelqu’un qui possède une belle répartie, son phrasé est savoureux, croustillant… Au final, sans être complètement déçu, je dirais que je m’attendais à mieux.
Qu’en pensez-vous ? Merci de m’avoir lu.
Le sujet me fait froid dans le dos et tes réserves ne me poussent pas à aller vers ce roman.
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Et tu as raison 🙂
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Si tu veux un peu d’humour sur ce métier si particulier, je te conseille ‘Les embaumeurs’ de Akiyuki Nosaka
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Je note. Et en plus l’auteur est japonais…
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J’ai plutôt bien aimé, et surtout l’écriture, d’ailleurs!
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🙂
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J’avais trouvé des longueurs, mais le propos était passionnant.
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Ca me rappelle vaguement quelques livres que j’ai lu (dont je cherche le nom actuellement) avec un Paris historique crasseux, mais qui, si l’ambiance me plaisait, ne m’ont pas conquis : est-ce un trop grand décalage avec l’écriture contemporaine ?
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Très honnêtement, je ne sais pas…
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Si ça ressemble au Parfum de Patrick Süskind, ça ne doit pas être si mal … mais le thème morbide n’est pas très engageant à priori …
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C’est exactement ça 🙂
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J’aurais pensé trouvé un peu plus d’enthousiasme de ton côté 🙂 ! Intéressant d’avoir une autre perspective ; de mon côté, j’ai passé un excellent moment à lire ce livre.
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Oui, je me doute 🙂
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Intéressant de lire vos deux avis à Patrice et à toi. Je ne sais pas si je vais le lire mais il frappe ce livre en raison du métier de son personnage principal.
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Carrément 🙂
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Patrice est en effet plus enthousiaste que toi, et m’a convaincue, je dois dire. Et puis le sujet m’attire !
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C’est vrai que le sujet est intéressant…
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Le parallèle avec Süskind est tentant.
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Et tu as raison de le faire 🙂
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Dans mon article, je faisais aussi le lien entre ce titre et Le parfum, mais Le parfum a une ampleur de thriller qui manque ici. Le découpage en journées amène effectivement à des longueurs, le personnage de la mère est très drôle au début, mais à force d’y revenir, on a envie de dire « Bon, j’ai compris … »
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Ah merci pour ton avis, je me sent moins seul, car je pense tout comme toi 🙂
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