Thomas l’obscur, de Maurice Blanchot (Gallimard) — ISBN-13 : 9782070725489 — 140 pages — 6,9 € — Genre : Putréfaction.
Me voici de retour pour une lecture commune et comme la dernière fois je suis accompagné par Marie-Anne du blog « La Bouche à Oreilles ». Je suis très heureux de cette expérience et cette fois-ci encore plus que la dernière fois, car grâce à Marie-Anne j’ai découvert un livre et un auteur que je trouve assez fascinants. Vous trouvez la critique de Marie-Anne ici.
Vous l’aurez compris « Thomas l’obscur », de Maurice Blanchot, est un roman extraordinaire, mais un roman qui est extrêmement difficile à raconter ou bien à résumer. Cela fait d’ailleurs plusieurs jours que je tergiverse autour de la rédaction de ce billet, car je ne sais pas très bien pour où commencer. Par le début de l’histoire me direz-vous, sauf que ce livre n’en contient pas vraiment. De quoi parle l’écrivain ? Difficile à dire… L’auteur parle d’amour et de mort, mais aussi de la solitude des deux personnages que sont Thomas et Anne. C’est la mort des corps qui s’enlisent, de ce couple qui se croise, que nous décrit l’écrivain Maurice Blanchot. Ainsi, on apprend à connaître et surtout à comprendre la sensation de ces corps, comme si c’était eux qui s’exprimaient. Thomas et Anne s’enfoncent inexorablement dans l’au-delà. Aussi, ce couple qui s’aime observe sa perte tout en étant à la recherche d’un signe, d’une sensation, d’un sentiment, mais aussi, peut-être, de quelque chose qui pourrait sauver cet homme et cette femme, leurs esprits et leurs corps. Ce livre, c’est l’histoire d’une mutation, celle du vivant qui se prépare à partir, à passer dans un autre univers, celui de mère Nature peut-être. Je ne sais pas si mon interprétation est la bonne et d’ailleurs il me semble que ce roman, livre quasi philosophique, peut être interprété de plusieurs manières… J’apprends d’ailleurs en préparant ce billet que l’écrivain français était proche du philosophe allemand Martin Heidegger. Je ne connais pas assez, malheureusement, l’oeuvre de ce dernier pour vous en dire plus à ce sujet. Toujours est-il que dans ce roman il est question de néant, de glissement…
Thomas s’assit et regarda la mer. Pendant quelque temps il resta immobile, comme s’il était venu là pour suivre les mouvements des autres nageurs et, bien que la brume l’empêchât de voir très loin, il demeura, avec obstination, les yeux fixés sur ces corps qui flottaient difficilement. Puis, une vague plus forte l’ayant touché, il descendit à son tour sur la pente de sable et glissa au milieu des remous qui le submergèrent aussitôt. La mer était tranquille et Thomas avait l’habitude de nager longtemps sans fatigue. Mais aujourd’hui il avait choisi un itinéraire nouveau. La brume cachait le rivage.
Par conséquent, c’est dans un univers étrange que nous plonge l’écrivain Maurice Blanchot… Aussi, dans « Thomas l’obscur » nous flottons dans une brume épaisse qui nous laisse, de temps en temps, entrevoir ce qui se passe avec Anne et Thomas. Le texte de Maurice Blanchot est d’une telle beauté, qu’il en est poétique (d’ailleurs l’écrivain utilise souvent l’oxymore), c’est aussi un récit extrêmement apaisant alors forcément la mort nous apparaît apaisante. Cependant (et je dirais même paradoxalement), c’est aussi un univers un peu inquiétant qui apparaît dans ce livre, sans doute car celui-ci est marqué par la mélancolie et l’étrangeté. « Thomas l’obscur » est un livre de toute beauté, à la fois poétique et philosophique, je me suis régalé en lisant ce récit, certes, brumeux, mais tellement beau que l’on ne voit que cette beauté. Et peu importe la difficulté d’accès à ce roman quand l’envoûtement est bel et bien présent… J’adore ce genre de livre et je vais très rapidement lire d’autres oeuvres de Maurice Blanchot. « Thomas l’obscur », c’est pour moi un chef d’oeuvre, le genre de livre qui marque à tout jamais.
Qu’en pensez-vous ? Merci de m’avoir lu.
Je viens de lire l’autre chronique, et j’avoue que j’espérais que tu serais moins désarmée face à ce livre. Car on n’en sait pas grand chose au final, et cela paraît assez hermétique
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C’est effectivement assez hermétique…
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Je suis un peu du même avis que la Barmaid aux lettres Goran…
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🙂
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Encore un livre à noter, ma liste s’allonge..
Merci Goran pour cette critique qui donne envie d’en savoir plus !! 🙂
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Merci, surtout qu’elle n’a pas été simple à écrire cette critique 🙂
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Quand je croise des livres de cette sorte, je les range dans la catégorie livres « d’atmosphère » ou « d’ambiance » (un classement qui n’engage que moi 😉 )
Je crois que ce sont des livres qu’on ne peut lire qu’à certains moments, quand l’âme est prête à les accueillir. En tout cas, je le note 🙂 Merci !
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Très bon classement 🙂
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Je vois que nous sommes assez d’accord sur ce livre 🙂
Cette lecture commune m’a en tout cas bien plu.
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Moi aussi, j’espère que la prochaine sera tout aussi passionnante 🙂
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Très certainement 🙂
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Hou, c’est le genre de livre que je peux détester comme adorer…
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Celui-Là est assez fascinant 🙂
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« Thomas s’assit et regarda la mer. » Heureux de cette critique qui survit à la noyade et nageant, imagine des profondeurs marines dans le texte.
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Merci 🙂
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J’ai lu quelques essais de ce dernier lors de mes études littéraires. Je n’ai cependant pas lu de roman de ce dernier. Je note. Ça me rejoint. Merci!
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Heureux de l’apprendre 🙂
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le nom de l’auteur ne m’est pas inconnu mais je ne sais plus pourquoi. Ce billet est intéressant mais ne provoque pas chez moi une envie de lecture. Paradoxe?
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Je ne pense pas, cela m’arrive aussi… 🙂
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Genre putréfaction… à ce point ?
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Oui 🙂
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Oh, la jolie petite trouvaille que voici :-). Merci beaucoup, Goran. Je n’avais encore jamais entendu parler de cet écrivain disparu il y a peu de temps et tu me donnes envie d’en savoir plus. C’est intéressant de voir que chacun peut finalement en faire sa propre interprétation. Bien noté !
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Il faut remercier Marie-Anne 🙂
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Ah oui, Blanchot j’ai pas mal lu, et Thomas l’obscur, beaucoup aimé. Ravie que tu en parles.
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🙂
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Perso, du moment que je lis ces mots dans ta chronique « De quoi parle l’écrivain ? Difficile à dire… L’auteur parle d’amour et de mort, mais aussi de la solitude », je suis déjà conquise 😉 et convaincue que ce livre va me plaire
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🙂
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Maurice Blanchot, pas facile, et j’ai des souvenirs mitigés de L’Espace littéraire. Pas lu Thomas l’obscur, mais à te lire, c’est peut-être celui-ci que j’aurais dû lire.
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Peut-Être oui 🙂
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Blanchot ou mes très vagues souvenirs de fac.
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c’était sympa tes cours…
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Globalement oui.
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