Un locataire, Suivi de Histoire pour enfants, de Svava Jakobsdottir (Tusitala) — ISBN-13 : 9791092159011 — 135 pages — 15 € — Genre : Viens chez moi, j’habite chez une copine. ✮✮✮✮✮
Aujourd’hui, je vais vous parler d’un livre qui nous vient d’Islande, un pays du nord de l’Europe que je connais bien plus pour ses très beaux paysages, ses banques (autrefois) solides, que pour sa littérature. De plus, c’est la première fois que je lis un auteur islandais, alors j’ai voulu vous en faire profiter, d’autant plus que le livre de Svava Jakobsdottir vaut le détour. Mais de quoi ce dernier parle-t-il ? C’est ce que nous allons voir tout de suite…
« Un locataire », car c’est de ce texte que je vais vous parler, est un étrange court roman. En effet, dans ce dernier les événements sont ubuesques, de même que le comportement des personnages est surprenant. Aussi, on croirait presque lire un récit fantastique, sauf que l’éditeur nous apprend que ce livre, paru en 1969, « est un pilier littéraire et politique de l’histoire islandaise ». Un matin, sans s’annoncer ni plus tard s’expliquer, un homme vient s’installer chez un couple. D’ailleurs, le couple en question, qui vit dans un petit appartement, se laisse envahir sans réagir, comme pétrifié par une peur incompréhensible. L’intrus pose ses valises dans le vestibule, tandis que le couple réfugié, le soir venu dans leur chambre, débat sur les intentions de celui qui a envahi leur pré carré. Faut-il se défendre ? Mais de quoi ? L’envahisseur n’a jusqu’ici rien fait de mal. Il est plutôt calme, se fait discret, bien qu’il ait pris position dans leur espace exigu. Finalement, le couple décide de laisser filer, d’autant plus que ce dernier prévoit bientôt de déménager dans une maison individuelle… Encore un peu de patience ! Sauf que la construction prend plus de temps que prévu, le couple n’est pas bien riche et l’avancement des travaux progresse en fonction des paiements. La femme s’impatiente, alors que le mari, trop fier, refuse d’être aidé. Il y arrivera seul. Encore un peu de patience ! Le locataire, qui ne paye pas de loyer, comprend la détresse financière du couple hébergeur. Et, le plus naturellement du monde, celui-ci propose de financer les travaux de la maison. L’intrus sort alors sa valise remplie d’argent et en extirpe des liasses de billets qu’il offre au couple médusé. Le mari refuse toute aide, comme à son habitude, mais le locataire affirme qu’il s’agit d’un don.
C’était tôt le matin. Elle vaquait à ses occupations dans la cuisine quand elle entendit inopinément un bruit de pas. Son regard se porta vers le vestibule et il se tenait là, sa valise à la main. Il était entré chez eux sans se donner la peine de frapper à la porte. Elle resta sur place, prise de court, et ne put même pas se le reprocher après coup car elle se sentait totalement vulnérable : dans un logement de location, il ne servait à rien de fermer la porte d’entrée à double tour car le propriétaire disposait d’une autre clé et elle avait constamment présent à l’esprit que celle de son logis se trouvait dans la poche d’un homme qui ne lui était rien.
L’histoire progresse, elle devient de plus en plus étrange, sans qu’aucune explication nous soit donnée. Qui est le locataire ? Que veut-il ? D’où vient-il ? Quel est le but de l’histoire ? Où va-t-elle ? Pourquoi le couple se laisse envahir, ainsi, sans réagir ? N’ont-ils pas le droit de leur côté ? On ne saura rien jusqu’au bout… Pourtant, malgré l’étrangeté du récit et peut-être même à cause de celle-ci, j’ai poursuivi ma lecture, subjugué, intrigué, mené par le bout non pas du nez, mais des phrases. On se croirait presque dans une histoire du romancier japonais Kobo Abe, sauf qu’il existe des réponses aux questions que nous nous posons tout du long de ce roman de Svava Jakobsdottir. Cependant, ces réponses n’apparaîtront qu’après le roman, dans une postface. J’ai d’ailleurs décidé de ne rien vous dire de plus…
Qu’en pensez-vous ? Merci de m’avoir lu.
Très intrigant. J’ai très envie de le lire. Merci Goran pour vos chroniques ;o)
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Merci de me suivre 🙂
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Si l’intrigue t’as donné envie de pousser jusqu’à la fin de ce roman (nouvelle?), moi c’est ton article qui me donne envie de commencer. Plus qu’à Ubu roi, je pense à Beckett en lisant ta chronique. Et les banques islandaises vont bien mieux, c’est un ptit pays costaud qui s’est pris en main tout seul et a envoyé bouler le FMI. Il s’est remis sur pied en 6 mois, mes héros!
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Oui, je sais, j’aurais dû dire « autrefois et de nouveau » 😉
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J’en pense que ça m’intrigue hautement et que je lirais bien la postface pour comprendre le pourquoi du comment. Si c’est un pillier de la littérature islandaise, et qu’il y a une allusion politique, est-ce que ce ne serait pas une métaphore d’un évènement de la vie politique islandaise?
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C’est bien une métaphore…
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Aha! je devrais être détective :p je pense que tu n’en diras pas plus pour ne rien dévoiler, donc je vais mener mon enquête de mon côté! A plus, Watson!
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Tu as parfaitement deviné… 🙂
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😀
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Ton billet est très alléchant, et l’extrait me plait beaucoup. J’aime les livres étranges qui soulèvent plein d’interrogations.
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Là, tu seras ravi 🙂
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Intéressant… Je viens d’acheter deux romans d’un auteur islandais! On s’en reparle bientôt! Une littérature à decouvrir!!!
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J’ai hâte 🙂
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Merci de partager. Ce roman court semble en effet mysterieusement ineressant 🙂
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Oui 🙂
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J’ai beaucoup aimé cette lecture. Je ne dévoilerai rien, puisque tu n’en parles pas dans ta chronique. As-tu lu la seconde nouvelle ? Là aussi métaphores
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Oui, effectivement, même si je n’en parles pas…
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Cela m’intrigue… J’aime bien donc je note! belle journée queridissimo Goran!
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Belle journée Cat !
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J’aime beaucoup l’idée de l’étranger qui fait son nid chez un couple sans rien demander ^^ Dommage que les réponses ne soient pas incluses au texte par contre. ça me gêne de devoir lire un texte supplémentaire qui explique le pourquoi du comment. Une histoire doit se suffire à elle-même selon moi. Si elle est trop brumeuse c’est que l’auteur a raté quelque chose. Mais je reste sur l’idée de départ qui ferait un excellent roman 😀
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lol 😀
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J’ai vraiment très peu de références en matière de littérature islandaise ! La lose.
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C’est aussi mon premier roman islandais…
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