En étrange pays, de Karel Schoeman (Libretto) — ISBN-13 : 9782369141211 — 445 pages — 11,80 € — Genre : Malades. ✮✮✮✮✮
Voilà un livre comme je les aime, le rythme est plutôt lent, l’histoire est simple, mais le texte vous envoûte par sa douceur mélancolique. Ainsi, « En étrange pays » du Sud-Africain Karel Schoeman raconte l’histoire d’un homme venu chercher sa destinée dans un pays lointain inconnu de lui.
Un homme à demi inconscient, après un long voyage épuisant, se retrouve dans une chambre d’hôtel de la ville de Bloemfontein en Afrique du Sud. Ce dernier logera le temps de son rétablissement dans cette chambre calme. On ne connaît pas très bien la condition de ce personnage, alors les habitants de la petite ville perdue au milieu de nulle part ont fait au mieux de leurs possibilités. On apprendra très vite que l’homme en question est un bourgeois hollandais du nom de Versluis. Mais qu’est venu chercher cet étranger dans la chaleur étouffante du veld sud-africain ? Le repos et le calme, mais est-ce vraiment tout ? On comprend que non que Versluis n’a pas fait ce très long voyage pour la seule raison d’une quête, celle de la paix et de la tranquillité. Inconsciemment, on devine de quoi il est question, on perçoit la situation de Versluis, mais on n’en a pas pleinement conscience, car on suit le récit comme sonné par la chaleur qui s’y dégage et puis après les deux tiers du livre tout est dit, directement, presque brusquement, et l’on découvre enfin ce que l’on pensait savoir. Ainsi, le mystère s’éclipse aussi vite que la chaleur du veld la nuit noire tombée. Cependant, le récit garde toute sa force et l’émotion qui s’y dégage et qui monte crescendo n’en devient que plus intense.
« Il avait entendu des gens parler de ce quartier, ou plutôt ils les avaient entendus s’en plaindre, mais pour lui cela n’avait été qu’un coin éloigné de la ville, recouvert le soir par un épais nuage de fumée et dont le silence était troublé en permanence par l’aboiement de chien, et ponctué par des hurlements et des cris d’ivrognes. »
Versluis n’aura de cesse de réclamer, en son for intérieur, plus de solitude, plus de calme, plus de quiétude. D’ailleurs, sa petite chambre d’hôtel (autrefois si silencieuse) deviendra bien trop bruyante pour l’esprit tourmenté de Versluis. Ce dernier finira par poser ses valises dans une maison d’hôtes au premier abord très reposante. Cependant, Versluis apprendra à faire partie de la petite communauté blanche de Bloemfontein, et autrefois les membres de celle-ci, qui lui semblait si pesante, vont peu à peu lui devenir nécessaires. Ainsi, cet homme solitaire et introspectif découvrira la vie dans un pays lointain, dans une ville coupée du monde à laquelle il finira par s’accoutumer. Cet homme qui a fui son pays et sa société pour mieux se retrouver, va peu à peu par peur de la perdre, s’attacher à la vie, à la vie de cette communauté autarcique. J’ai peur de trop en dire, mais le livre de Karel Schoeman traite de sujets difficiles tels que la mort et la maladie, mais aussi de l’espoir et du désespoir, c’est presque un livre philosophique, car il nous pousse à nous interroger sur ce que nous sommes et ce que nous faisons. Il y a énormément de beaux passages dans ce très subtil roman. L’écriture de Karel Schoeman est belle et délicate, l’auteur décrit les lieux, les gens et les situations avec un certain détachement, mais il réussit à faire résonner en vous son histoire. Pour mieux le savourer, il faut lire ce livre lentement, suivre le rythme que l’auteur donne à son histoire afin de mieux vous en imprégner. Il y a beaucoup de non-dits dans ce roman et de la pudeur. On ne peut rester indifférent à ce récit qui parle du sens de la vie. « En étrange pays » est un roman sans action qui marche comme un homme épuisé par la chaleur sèche et brûlante d’un soleil d’été du veld sud-africain.
Qu’en pensez-vous ?
Goran, le passeur de lectures… ce livre pourrait me plaire… beaucoup des livres dont tu parles pourraient me plaire… surtout que ce sont souvent des auteurs qui me sont totalement inconnus, et ça, ça me plait.
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Je pense que tu aimerais beaucoup…
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Je n’en doute pas.
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Encore une fois, tu me fais sourire avec la classification du genre : « Malades »
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Tu aimes bien les genres que j’invente ? 🙂 Je dois bien avouer que moi aussi cela m’amuse bien 🙂 tu est la première à remarquer mes classifications par genre…
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Ah mais j’ai toujours un oeil qui traine dans les coins (mais j’ai dû rater quelques genres, je ne pense pas toujours à regarder – il faudra que tu fasses un top G des genres Goran). Bon, je retourne aux profondeurs de Wilde………..
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🙂
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Je crois que celui-ci pourrait me plaire, s’il a un côté lent et introspectif …
Je le note ! Merci pour cette intéressante chronique.
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🙂
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J’aime les romans qui puisent dans l’intériorité pour faire réfléchir le lecteur… Cette lecture pourrait certainement me plaire… Belle chronique!
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Merci !
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Bon, disons le tout net : je suis une fan absolue de l’auteur (et à mon intense regret 1) j’ai tout lu de lui -en français) et 2 ) mais que font les suédois pour le Nobel? oui, carrément). TOUS ses romans sont remarquables, il faut les découvrir!
La preuve : Retour au pays bien-aimé Cette vie Des voix parmi les ombres La saison des adieux En étrange pays
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🙂 Ils donnent le Nobel à un chanteur 😉
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J’ai l’impression que l’on retrouve dans ce titre le même genre d’ambiance que dans Des voix parmi les ombres, fondée sur la suggestion, et une espèce de torpeur… il est dans ma PAL, je verrai s’il me vient à l’issue de sa lecture la même image que celle que tu évoques à la fin de ton bilet..
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Tu me diras ça… 😉
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