La douleur, d’André De Richaud (GRASSET) — ISBN-13 : 9782246378730 — 184 pages — 8,20 € — Genre : Intelligence avec l’ennemi. ✮✮✮✮✮
« La douleur » est un roman d’André de Richaud qui provoqua le scandale lors de sa première publication en 1930. Pour quelle raison le lecteur d’antan s’est-il indigné ? Tout simplement, car ce livre retrace l’histoire d’un amour interdit entre une femme (Thérèse Delombre) veuve de guerre et un soldat allemand (Otto), le prisonnier, l’ennemi…
Même si aujourd’hui cette histoire d’adultère ne choque plus grand monde, je peux comprendre qu’un tel livre ait provoqué un scandale, 12 ans après la fin de la Première Guerre mondiale, dans un pays où le souvenir des atrocités de la guerre était encore bien présent. Cependant, ce thème de l’amour interdit aurait été aujourd’hui abordé de manière bien plus directe. Alors, sans le scandale, que reste-t-il à ce livre ? Une très belle description d’une furieuse obsession charnelle. L’auteur n’avait que 20 ans lorsqu’il rédigea ce roman. Alors, comment ne pas être impressionné par la maîtrise du propos d’André de Richaud !
Ainsi, l’évolution psychologique des trois principaux personnages (la femme, le fils et le « boche ») du livre est si justement décrite que l’on a du mal à croire au jeune âge de l’écrivain. André de Richaud aborde de tout aussi belle manière la psychologie de la masse environnante, les habitants du village sont tour à tour admiratif et dégoûté du comportement de Thérèse Delombre. Que dire de la veuve, l’amante, si ce n’est qu’elle souffre de solitude, et qu’elle peut faire preuve de bienveillance, d’amour, mais aussi de méchanceté et d’un certain égoïsme. Ses pulsions, Thérèse tente de les combattre… « Lorsqu’elle voyait un homme, elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer son sexe. Elle ne pensait qu’à l’amour, qu’aux gestes de l’amour, qu’aux douleurs de la passion. Elle aimait éperdument. » Le fils, affectueusement nommé Georget par sa mère, est touché par le même sentiment de solitude que cette dernière. Il l’aime et la hait. Tel un enfant qui ne comprend pas tout, mais assez, Georget aussi, lutte contre ce qu’il éprouve… Le soldat allemand est lui plus mystérieux, mais tout aussi intéressant à suivre. « La douleur » est aussi un roman marqué par une pointe de cynisme.
« Nous sentons qu’au fond de nous-mêmes, notre mort s’apprête, parce que nous ne pouvons faire la preuve essentielle de notre vie ».
Albert Camus disait de ce premier roman d’André de Richaud : « Je le lus en une nuit, selon la règle et, au réveil, nanti d’une étrange et neuve liberté, j’avançais hésitant sur une terre inconnue. Je venais d’apprendre que les livres ne verraient pas seulement l’oubli et la distraction… Il y avait une délivrance, un ordre de vérité où la pauvreté, par exemple, prenait tout à coup son vrai visage. La Douleur me fit entrevoir le monde de la création ».
Qu’en pensez-vous ?
Curieusement ce billet fait écho en moi, j’ai entendu parler de ce roman, mais où? Impression que c’est un livre qui en parlait. Mais lequel?
Bref, merci de présenter des romans sortis de l’oubli.
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Peut-être chez Camus…
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Jamais lu Camus (OK, je sors!) ^_^
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^^
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Je suis tenace, j’ai vérifié dans Les sauvages de Harpman, où finalement l’un des personnages a comme père un soldat allemand (guerre de 14). Bon, ce n’est qu’un personnage, pas les mêmes noms non plus. Fin de la parenthèse de ‘déjà vu’.
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Ah Bravo ! J’apprécie la ténacité… 🙂
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Une petite coquille à corriger
il l’aime et la hait et non Il l’aime et la haie
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Aucun souci… Merci 🙂
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Joli critique, cet auteur ne me dit rien du tout. Mais cela semble assez tentant
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C’est très agréable à lire…
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Ce qu’en dit Camus est magnifique, je note =)
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J’avais noté qu’il fallait que je lise La nuit aveuglante de André de Richaud (il a eu le prix nocturne il y a quelques années je crois) mais celui là aussi à l’air très intéressant. En tout cas, toi et Camus, vous donnez bien envie de le lire.
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Effectivement, « la nuit aveuglante » qui a gagné le prix nocturne est vraiment un excellent livre…
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Cela me rappelle « le silence de la mer », même si ce n’est pas la même guerre ni les mêmes relations…
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Je ne connaissais, mais merci pour le titre…
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Ce que j’en pense ? Que ça me parait vraiment un livre à lire. Toi, Camus, vous en parlez fort bien. Il y a une règle pour lire les romans en une nuit ?
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Dormir seul(e) 🙂
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Dormir ? Je comprends mieux comment tu peux lire tant de livres, si tu le fais en dormant (on dort toujours seul, c’est sûr).
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hehe
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C’est vrai que le thème de la solitude ressemble à Vercors… À ajouter dans ma liste car je n’ai jamais lu cet auteur. Belle chronique!
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Merci à toi 🙂
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Je ne l’ai pas lu, cela fait partie des titres de ma pile d’incontournables alors un jour, j’espère m’y mettre. Merci pour ta chronique, elle donne véritablement envie.
J’avais noté également de cet auteur « La fontaine des lunatiques », charmée par le titre. Le connais-tu ?
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« La fontaine des lunatiques » est magnifique… Plus difficile à aborder, mais superbe…
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C’est fou, dès que je vais sur ton blog je suis sûre de découvrir des livres dont je n’ai jamais entendu parler ^^ J’ai l’impression d’être inculte…
Le thème de celui-ci me parle beaucoup, universel et maintes fois traité, mais abordé par un jeune homme de 20 ans, c’est plutôt inédit 🙂
Tu parles d’adultère, mais en est-ce vraiment un puisque le mari est mort ? :p
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Mais non, ne dis pas ça… Moi aussi, quand je viens chez toi, je découvre des livres dont je n’ai jamais entendu parler… Et il en est de même avec beaucoup d’autres blogs que je visite… Il est impossible de tout connaître. J’en apprends tous les jours !
Effectivement, ce n’est pas vraiment un adultère 🙂
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Belle découverte que je note à l’instant sur mon carnet !
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Comme keisha41 ce livre me dit quelque chose. En tout cas ta chronique m’a plue. Je note Goran…
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J’aime les œuvres au goût de scandale, alors ça me parle.
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😉
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D’où provient la citation ? Je suppose des correspondances de Jean Grenier et d’Albert Camus, non ?
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Non, tout simplement du livre d’André de Richaud 🙂
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C’est gentil de m’avoir répondu, mais, je ne la trouve pas dans la préface. Je n’ai pas été précis, ce qui expliquerait ce malentendu. Je parle de cette citation :
« Je le lus en une nuit, selon la règle et, au réveil, nanti d’une étrange et neuve liberté, j’avançais hésitant sur une terre inconnue. Je venais d’apprendre que les livres ne verraient pas seulement l’oubli et la distraction… Il y avait une délivrance, un ordre de vérité où la pauvreté, par exemple, prenait tout à coup son vrai visage. La Douleur me fit entrevoir le monde de la création «
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Désolé. Malheureusement, je ne me souviens plus ou Albert Camus à dit ou écrit ça.
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Pas de souci, merci de ta réponse dans tout les cas 🙂
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🙂
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