La guillotine et l’imaginaire de la Terreur, de Daniel Arasse (FLAMMARION) — ISBN-13 : 9782081246911 — 283 pages — 11,20 € — Genre : Coupe gorge. ✮✮✮✮✮
Mais qu’est-ce que c’est au juste une guillotine ? Il s’agit d’un objet quelque peu encombrant et au design imparfait, mais à la mécanique bien huilée qui servit à rendre le monde meilleur, en fonctionnant de la plus humaniste des manières possibles. Je sais, ma définition vous semble quelque peu étrange, mais je vous assure que c’est de cela qu’il s’agit. Venez avec moi, je vous emmène dans le royaume de la belle guillotine…
Ainsi, c’est le docteur Antoine Louis qui fut le concepteur de la guillotine bien que celle-ci apparaisse déjà sous une autre forme en Italie. Cependant, c’est le député Guillotin qui laissa son nom à la guillotine, car c’est ce dernier qui fit tout pour que cette machine soit utilisée pour le plus grand bien de tous. « Avec ma machine, je vous fais sauter la tête en un clin d’œil, et vous ne souffrez point », affirmait en son temps Joseph Ignace Guillotin. Et cet illustre citoyen n’avait pas tout à fait tort, car avant la guillotine il y avait de nombreux ratés lors de la mise à mort des condamnés. Effectivement, les hommes et femmes écartelées ne mouraient pas instantanément, certains d’eux hurlaient de douleur et d’effroi tandis que la foule spectatrice montrait du doigt le bourreau incompétent. Mais trouver un ouvrier compétent n’est pas aussi simple que l’on pourrait le croire… Bien au contraire. Aussi, afin de remédier à ces couacs techniques la guillotine devint vite indispensable.
L’essai de Daniel Arasse montre comment la guillotine fut perçue en son temps. À l’aide de la guillotine, riches et pauvres mourraient dorénavant de manière égale… Propulsée et imaginée par des médecins, des philosophes, des humanistes, par le monde des lumières, la guillotine devait permettre la mise à mort sans torturer le condamné. On débattait alors pour savoir si perdre une tête faisait automatiquement perdre la conscience. La guillotine servira les philosophes humanistes, les politiciens, la terreur… On lui composera des poèmes :
Ô toi, céleste guillotine,
Tu raccourcis reines et rois,
Par ton influence divine
Nous avons reconquis nos droits (bis).
Soutiens les lois de la patrie
Et que ton superbe instrument
Deviennent toujours permanent
Pour détruire une secte impie.
Aiguise ton rasoir pour Pitt et ses agents,
Remplis, remplis ton divin sac de têtes de tyrans !
Daniel Arras était un historien et théoricien de l’art qui écrivit entre autres choses un ouvrage très complet sur l’œuvre de Léonard de Vinci. Dans « la guillotine et l’imaginaire de la terreur », Daniel Arras raconte une captivante histoire sur l’évolution et la représentation de la guillotine. Objet humaniste devenu objet de terreur ! Toutefois, l’ouvrage aborde aussi l’histoire de la cette horrible machine, mais ce n’est pas le sujet principal. Par exemple, nous n’apprenons pas combien de têtes furent coupées pendant la Révolution française, mais nous serons avisés du fait que les gens trouvaient la remise en route de la machine tueuse trop longue. J’ai lu dans un autre livre, qu’il fallait pas loin d’une minute pour que la guillotine puisse de nouveau montrer au soleil d’été qui la réchauffe sa belle lame aiguisée. Quelle horreur devait être, pour ce public averti assoiffé de sang, cette longue minute d’attente ? Le livre de Daniel Arasse regorge d’anecdotes passionnantes…
J’ai trouvé ce livre d’histoire extrêmement intéressant. Par conséquent, je ne peux que vous le conseiller… Qui aime cette période de l’histoire française ?
quelle horreur ! mais c’est vrai que c’est mieux d’abréger les souffrances! que ce soit pire avant ne me console pas beaucoup
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Hehe !
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Le très étonnant roman de Pierre Michon, « Les Onze », est aussi une singulière excursion fictionnelle du troisième type dans l’univers de la Terreur : https://charybde2.wordpress.com/2015/10/12/note-de-lecture-les-onze-pierre-michon/
Et sinon, j’ai beaucoup d’admiration pour Daniel Arasse, dont les livres ont incroyablement influencé ma manière de visiter un musée d’art classique et de (tenter de) lire une toile de maître. Tout particulièrement ses « Le Détail. Pour une histoire rapprochée de la peinture » (1992) et « On n’y voit rien. Descriptions » (2000). Je vais mettre »La guillotine et l’imaginaire de la Terreur » sur ma pile à lire !
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Merci pour les très bons conseils comme toujours… Effectivement Daniel Arras est très intéressant. Passionnant même !
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C’est vrai qu’avant l’invention de la guillotine, on mettait en oeuvre des supplices tous plus horribles les uns que les autres, le but étant de faire souffrir le plus possible les condamnés …
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Quelle époque ;-). Je plaisante, mais ça fait froid dans le dos…
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J’en avait entendu parler dans une émission à la radio et je pense que le livre doit être super intéressant !
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Effectivement…
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Et bien, de l’humour dans les propos! 🙂 Le concept de l’imaginaire me fascine… Celui de la terreur ou de l’horreur également chez le spectateur. Je ne connais pas cet essayiste mais à lire les commentaires et ce billet, il mérite certainement d’être lu. Merci!
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J’essaye d’être drôle parfois, mais c’est souvent raté 😉
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Non, pas cette fois! 🙂
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Merci !
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Brrr…l’invention de la mort propre et nette, et humaniste! Cet essai est terriblement intéressant en tout cas. Merci pour ton compte rendu, plutôt guilleret il est vrai! 🙂
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😉
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Avant, la noblesse avait le privilège d’être décapitée à l’épée, instrument trop léger ! Le tiers-état était privilégié car décapité à la hache (plus lourd,n’ont plus efficace). La guillotine, c’est les idées des lLumieres et le principe d’égalité.
Quand aux morts multiples, c’est une autre question qui obéit à d’autres logiques.
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Mais tout à fait ! La guillotine ne ratait pas son cou p. Daniel Arasse, que nous regrettons, a aussi écrit, entre autre, sur Anselm Kiefer… soit dit en passant, l’expo s’est terminée il y a deux jours, bon, bon, je ne dirai rien sur ceusses qui ne vont pas seul au musée. J’ai déjà été face à une guillotine, par deux fois, c’est quand même impressionnant. Heureusement qu’aujourd’hui, elle est reléguée dans les musées. (ce n’est pas parce que je ne like pas ton article que je n’aime pas, d’accord ?).
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Alala mais il va falloir que tu me prennes par la main pour m’emmener au musée avec toi… Je ne vois que cette solution 🙂
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Han, génial ! J’ai une passion étrange pour les objets de torture en général…
Je vais vite me procurer ce petit livre, niark !
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😉
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Tu donnes dans la chronique tranchante ces derniers temps !
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hehe, j’y avais pas pensé 😉
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En passionnée des salons et de l’âge classique, la période de la Révolution qui y a mis fin n’est pas celle que je préfère, mais la question de la guillotine pourrait m’intéresser moi aussi, surtout abordée sous cet angle. Je retiens aussi les bons conseils de Charybde.
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